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Bono, Edun, l'Afrique et... ses goûts vestimentaires

Bono, Edun, l'Afrique et... ses goûts vestimentaires

Bono, Edun, l'Afrique et... ses goûts vestimentaires
Bono et son épouse Ali Hewson ont répondu aux questions du magazine WWD (Women's wear daily) lors d'un dîner donné à l'occasion de la présentation de la collection Edun à New-York.

Si les deux époux évoquent largement des sujets aussi sérieux que leur engagement envers l'Afrique ou l'énorme investissement de chacun dans l'entreprise Edun, cette interview comporte aussi un coté un peu rafraichissant, avec les déclarations de chacun d'entre eux concertant les (mauvais ?) goûts vestimentaires du leader de U2.


En voici la traduction :

- WWD : qu'avez-vous pensé du show de votre femme aujourd'hui ?
- Bono : Je ne suis pas un expert dans ce genre de choses, et je regarde un peu ça comme le ferait un enfant. J'ai dû aller à une demi-douzaine de défiles de mode dans ma vie. C'est un spectacle merveilleux, différent de tout le reste. Ce que j'en ai conclu, peut-être pour la première fois, c'est que la mission d'Edun était avant tout esthétique, et se devait de l'être. Cela peut être étrange d'entendre un activiste comme moi dire ça. Mais Edun ne doit pas être connu pour ses bonnes intentions. La vision doit être esthétique. J'ai trouvé que les motifs fleuris mêlés à des motifs africains étaient incroyablement beaux. Mais si je me mets à parler mode, frappez-moi ! Allez-y, tapez !

- WWD : Pourquoi pensez-vous que les modèles Edun constituent un bon moyen de réaliser certains de vos objectifs philanthropiques ?
- Bono : L'aide directe, en faveur de laquelle j'ai passé la moitié de ma vie à lutter, n'est qu'un bouche-trou. Le commerce, c'est ce qui sort les gens de la pauvreté. L'Afrique va devoir faire face à pas mal de gros problèmes dans les prochaines années. L'AGOA (African Growth and Opportunity Act), qui est un pacte commercial entre les Etats-Unis et le continent africain va expirer en septembre de l'année prochaine (L'AGOA se terminera en 2015 mais son volet « vêtements » se terminera en septembre prochain). Or, à moins que l'Afrique ne parvienne à produire ses propres industries de haut niveau et à améliorer la qualité de sa production, énormément d'usines vont fermer. En ce moment, l'opportunité est ouverte. C'est un continent qui dépassera tout les autres par sa population en 2050. Et il est bien connu que ses richesses sont dans son sous-sol. Nous voulons juste mettre ça dans les mains des gens. Les instruments pour le faire sont la créativité et le commerce. Nous voulons participer à cela.
- Ali Hewson : vraiment, ce que nous voulions faire, est de travailler sur le terrain en Afrique. Bono a travaillé à un niveau « macro » avec les gouvernements et sur l'annulation de la dette. Nous voulions voir comme les politiques traduisaient ça au niveau des usines, des travailleurs ordinaires et de leur vie quotidienne. C'est un continent tellement incroyable, si sexy et éclatant, et ils veulent des emplois. Juste 1% du commerce mondial représente 155 billions de dollars. C'est quatre fois ce que l'Afrique sub-saharienne reçoit comme aide en un an.

- WWD : C'est intéressant de voir que vous insistez toujours sur le fait qu'Edun doit fait des profits.
- Ali Hewson : Il ne s'agit pas de charité, mais de business. C'est effectivement une marque qui veut faire des profits. Pas mal de gens n'ont pas compris ça à propos d'Edun. C'est du commerce. Nous pouvons le faire et tout le monde peut le faire en Afrique.

- WWD : Certains disent que la mode est quelque chose de superficiel. Comment pouvez-vous concilier ça avec les buts élevés que vous avez en Afrique ?
- Ali Hewson : L'industrie de la mode est souvent considérée comme quelque chose de superficiel, mais c'est aussi un énorme employeur. C'est la première industrie dans tout pays en développement, donc c'est vraiment important. Et c'est important aussi que nous fassions ça correctement.

- WWD : A l'évidence, vous avez beaucoup à faire dans votre vie, mais de quelle façon êtes-vous engagée dans l'entreprise Edun ?
- Bono : Je suis dans le conseil d'administration. Je surveille les affaires. Ali m'a dit que 37% de la collection que vous avez vue aujourd'hui a été fabriquée en Afrique. Et ce sont vraiment des articles de mode, pas des jeans et des T-shirts. C'est une grande réussite.

- WWD : Est-ce que Bono participe au processus créatif ?
- Ali Hewson : On ne le laisse pas s'approcher des vêtements. C'est la condition sine qua non (rires). Mais c'est un merveilleux conseil. C'est toujours intéressant d'avoir son opinion.

- WWD : Combien de temps passez-vous à vous occuper d'Edun ?
- Ali Hewson : l'énergie et l'engagement dans le monde de la mode est énorme. Le show d'aujourd'hui par exemple a été merveilleux, mais ça a pris environ neuf mois à tout le monde. C'est quelque chose d'étonnant quand vous voyez tout ça aboutir à seulement 20 minutes de défilé. C'est ce que j'essaie d'expliquer à mes enfants, quand ils disent détester jouer de la guitare ou du piano : quand quelqu'un joue sur une scène, et que la foule l'applaudit, ils n'applaudissent pas juste ce qu'ils entendent. Ils applaudissent aussi les heures que les artistes ont passé à travailler. Et j'ai appris que l'industrie de la mode exige ça. Je pense que c'est l'un des business les plus difficiles.

- WWD : Comment votre style personnel a-t-il évolué au fil des années ?
- Bono : Je ne suis pas sûr d'en avoir un.

- WWD : Vos lunettes de soleil sont devenues une signature pour vous.
- Bono : Vous avez besoin de quelque chose pour vous dissimuler quand vous vous êtes directement exposé dans vos chansons. Nos chansons ont quelque chose de lyrique, elles sont très crues, très personnelles. Il y pas mal de raisons pour que je porte des lunettes de soleil. L'une d'entre elles est que ça met une petite distance entre moi et les personnes que je ne connais pas (il regarde les reporters et rit).

- WWD : D'où viennent vos lunettes de soleil ?
- Bono : Armani. J'ai une relation très profonde avec Mr. Armani. Il a été très bon avec moi.

- WWD : Maintenant que vous avez juste terminé trois années avec le “U2 360° Tour”, vous allez avoir pas mal de temps libre. Qu'est-ce que vous allez en faire ?
- Bono : je ne suis pas doué pour le temps libre. Mais une fois, on a demandé à Johnny Cash à quel moment il était le plus heureux et il a répondu « Quand je marche pieds nus dans mon jardin ». Et je vais faire un peu ça.

- WWD : Travaillez-vous sur un nouvel album ?
- Bono : Je fais tout ça.


L'article en VO ici :
Talking with Ali Hewson and Bono about fashion and african trade


Par U2achtung / Lien permanent vers la news