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How To Dismantle An Atomic Bomb vu par Télérama

How To Dismantle An Atomic Bomb vu par Télérama

Voici la critique du nouvel album de U2 que vous pourrez trouver dans le Télérama de cette semaine, chez tous les magasins de journaux à partir de demain (01/12/2004). Le magazine accorde 3 "fortissimo" (le fameux f), le maximum étant 4.

C'est donc l'événement rock de la fin de l'année. U2 revient. A ce monde, à ses fans, à ses amours d'antan, pas si vieux que ça, circa 1991 (l'album Achtung Baby), c'est-à-dire l'époque où le groupe irlandais semblait le mieux maîtriser les dosages savants qui font d'un bon disque "grand public" qu'il n'est trop consensuel ni top élitiste. U2 a toujours couru plusieurs lièvres à la fois, et notamment ces deux-là : plaire au plus grand monde sans tomber dans la facilité, mais aussi inscrire son nom au panthéon des artistes "chercheurs" - à défaut d'être tout à fait défricheurs. Cette fois, U2 ne cherche pas grand-chose (clairement, cela ne faisait pas partie du cahier des charges 2004), mais trouve quand même quelques réponses intéressantes. En se cantonnant à un exercice plutôt louable de revisitation de sa propre discographie - en remontant aussi loin que le sous-estimé Boy de 1980, dont on entend ici quelques échos - Bono, The Edge, Adam Clayton et Larry Mullen ont opté pour un parti pris simple : priorité à l'efficacité, aux mélodies épaisses et entêtantes, aux superpositions sonores "classiques". En chemin, ces quatre amis de trente ans (ils se sont connus au milieu des 70's) semblent en tout cas prendre énormément de plaisir collectif - ce qui n'était pas forcément le cas sur tous les titres de Zooropa (1993) ou de Pop (1997). Une écoute trop hâtive pourra laisser penser que How To Dismantle An Atomic Bomb n'est qu'une démonstration de force, le numéro de cirque un peu pathétique d'un groupe de rock vieillissant entouré de sa kyrielle de fidèles producteurs. Pourtant, la majeure parti de ces chansons s'avère plutôt convaincante, pour un peu qu'on leur laisse le temps de s'installer, de résonner. Certes, les deux leaders du groupe sont parfois à la limite de l'autoparodie - le premier en lançant sa voix dans des ascensions sans corde de rappel, le second en ressortant son jeu de guitare noyé dans les effets - mais il serait absurde de leur reprocher d'être à ce point en phase avec leur propre passé, ce son bien à eux, cette esthétique "rock romantique" qui n'a jamais brillé par sa finesse. How To Dismantle An Atomic Bomb n'est pas le chef-d'oeuvre incontestable qui pourrait réconcilier les anti et les pro U2, mais c'est un album "discographiquement correct", qui ne décevra vraiment que ceux qui s'entêtent à attendre trop (bravoure, innovation, originalité) de Bono et sa bande d'ouvriers consciencieux. (Emmanuel Tellier)