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Artiste du moment

The Thrills

Si vous ne connaissez pas encore les Thrills, voici, pêle-mêle, les cinq faits les plus marquants de leur courte carrière :

1. Ils ont donné leur premier concert londonien au Royal Albert Hall, à l'invitation personnelle de Morrissey.
2. Ils ont suivi leur muse jusqu'à une plage de San Diego, en Californie, où ils sont restés quatre mois durant assis sur un canapé, occupés à écrire des chansons.
3. Ils ont dit à leurs parents qu'ils avaient décroché un contrat et qu'ils allaient devenir célèbres. Un an plus tard, ils attendaient toujours.
4. Ils ont choisi le nom de groupe le plus cool du moment, inspiré à la fois par les groupes de filles créés par Phil Spector dans les années 60 et par le meilleur album de Michael Jackson.
5. Ils ont provoqué une véritable foire d'empoigne parmi les maisons de disques, dessiné le meilleur T-shirt de l'année et reçu les éloges de nombreux confrères, de Noel Gallagher à Chris Martin.

 

 

Les Thrills ne risquent pas de passer inaperçus. Peut-être avez-vous déjà entendu leur single Santa Cruz (You're Not That Far), petit bijou rayonnant d'amour et de soleil qui allie l'esprit sixties de la côte ouest au rythme lourd et chaloupé des Strokes. A moins que vous n'ayez entendu que la rumeur qui les précède : leur concert londonien où on a vu Oasis jouer des coudes pour mieux les voir depuis le bar, Jo Whiley renverser son verre et une flopée de journalistes dépités se voir refuser l'entrée après une vente de billets aux allures de bataille rangée. Quoi qu'il en soit, vous n'avez pas fini d'en entendre parler.

Car les Thrills ne font pas de fausses notes. Ni dans leur musique, ni dans leur attitude, ni dans leurs références. Quand un groupe cite nonchalamment parmi ses influences les Beach Boys, ESP, Burt Bacharach, mais également des classiques du septième art comme The Virgin Suicides et West Side Story, on sait qu'on a affaire à des gens cool. La «compilation idéale» récemment concoctée par leurs soins pour le NME ressemblait à un «best of» de l'histoire du rock, de Dexy's à Jimi Hendrix en passant par Al Green. Beck n'aurait pas fait mieux. A une différence près : les Thrills n'ont pas besoin de forcer leur talent. Ça leur vient naturellement.

 

 

Ce talent naturel s'explique en grande partie par le fait qu'ils ont la musique dans le sang. « Au début, il y avait moi et Conor », raconte Daniel. « On a grandi ensemble à Dublin. On a été voisins de palier depuis la naissance et copains depuis le plus jeune âge. On était tous les deux obsédés par la musique. On ne voyait pas d'autre option que de monter un groupe. » A l'âge de quinze ans, ils embrigadent leurs camarades de classe Kevin et Ben, et il ne manque plus que Padraic pour que la bande soit au complet. Les deux premières années, ils passent leur temps à répéter les uns chez les autres, à apprendre à jouer de leurs instruments et à s'initier aux joies de l'écriture. Quand vient l'été 1999, leur projet prend forme. Puisqu'ils sont tous accros à la musique de la côte ouest datant de la deuxième moitié des années 60 et des années 70, ils ont une idée. Plutôt que de louer une salle de répèt' miteuse pour ressasser de vieux riffs de Neil Young, ils décident d'aller sur place pour se faire une idée par eux-mêmes. C'est ainsi que les Thrills font leurs valises pour aller passer quatre mois à San Diego. « Ça a été un été génial sur tous les plans », commente Daniel. « On a loué une minuscule baraque juste sur la plage. Il y avait deux petites chambres pour nous et quatre de nos copains. On a trouvé deux immenses canapés à côté de la maison et une chaise longue dans une benne. On les a traînés sur la plage et on s'est éclaté comme des fous. » Quand on s'appelle les Thrills, s'éclater suppose une bande-son émaillée de morceaux de Frank Sinatra, The Band, Marvin Gaye et Stevie Wonder et des chamailleries bon enfant au sujet de la meilleure pochette de Carole King. « Quand on est retourné à Dublin, rien n'était plus comme avant », déclare Daniel. « On se sentait complètement différents. On savait qu'on avait trouvé notre voie. » En 2000, un deuxième voyage à San Francisco ne fait que les conforter dans leur détermination. De retour à Dublin, ils s'enferment pendant des mois pour convertir en démos les vibes ensoleillées dont ils se sont gorgés en Californie. En 2001, ils signent avec un minuscule label irlandais, Supremo.

Le destin des Thrills est en marche. Ne parvenant pas à s'entendre avec Supremo, le groupe quitte le label. Mais à l'été 2002, la rumeur s'amplifie. (Sans toutefois parvenir jusqu'aux oreilles des parents de nos chenapans, qui leur ont assuré qu'ils sont en passe de devenir des stars alors qu'ils n'ont pas de maison de disques.) Toutes les majors commencent alors à brandir leurs dollars et les Thrills jettent leur dévolu sur Virgin, pour des raisons « de bonnes vibes », tout simplement.

Jusque là, tout va bien. Mais le meilleur reste à venir. Averti par un ami commun, son altesse Morrissey sort de sa légendaire réserve pour donner sa bénédiction aux Thrills en assistant à une de leurs répétitions. Il s'en faut pourtant de peu que l'événement tourne au désastre. « Notre manager nous a dit qu'un invité de marque allait venir à une répèt'. Quand j'ai découvert que c'était Morrissey, j'ai décidé de ne rien dire aux autres pour qu'ils aient le choc de leur vie », confie Daniel. « Mais le reste du groupe a téléphoné la veille au soir pour annuler la répétition et j'ai été obligé de leur dire. » Après les avoir écoutés en tapant du pied au son de leur musique, Morrissey demande aux Thrills de faire la première partie de sa tournée. « C'était sidérant », commente Daniel. « A l'époque, personne ne l'avait vu depuis des années. » Et alors ? « On est allé manger ensemble. En gros, on l'a bombardé de questions pendant deux heures. On est tous hyper fans des Smiths. Le plus drôle, c'est qu'il a horreur de tous les autres groupes qu'on écoute. Alors on a parlé de Phil Spector et, Dieu merci, il adore Phil Spector. » Mais, car il y a un mais : «Quelqu'un a dit à quel point son album CHRISTMAS était génial et Morrissey a répondu : ‘Je déteste CHRISTMAS'.»

Les Thrills ne lui en tiennent toutefois pas rigueur et en septembre 2002, ils font la première partie de son concert au Royal Albert Hall. Pas mal pour un début – il aura fallu dix ans à Robbie Williams pour jouer dans cette salle. Après cela, quoi de plus naturel que d'enregistrer leur premier album à Los Angeles avec Tony Hoffer, producteur de certaines des meilleures œuvres d'Air, de Beck et des Smashing Pumpkins.

Aujourd'hui, les Thrills s'apprêtent à mettre le monde à leurs pieds. « Ce qui fait la différence, c'est qu'on a toujours été copains. Quand on a une journée de libre, on va tous ensemble au cinéma. On n'est pas du genre à rentrer chacun chez soi et à ne pas se revoir jusqu'à l'aéroport. » Et quand un groupe met autant de passion dans ses pochettes de disques et ses T-shirts que dans ses chansons, vous pouvez être sûr qu'il ira loin – souvenez-vous des Smiths. « Ce n'est pas une passade », déclare Daniel. « On est tous obsédés par la musique. On ne parle que de ça. » Au fait, savez-vous que les membres du groupe ont tout juste 23 ans ?

Soleil et amour. Par les temps qui courent, le monde en a bien besoin.

Merci à Pop-Access.

So Much for the City (2003)
Let's Bottle Bohemia (2004)